Même si la presse Porsche est plaisante à lire, il y a un moment où il faut arrêter de déconner. Exemple avec German Cars

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L’écosystème Porsche est très riche et une façon de se documenter est de lire la presse “spécialisée”. Les magazines dédiés aux Porsches (en français) sont assez nombreux. Citons en vrac Flat-six Magazine (très orienté 911 et Cayman/Boxster), RS Magazine (orienté compétition) ou encore German Cars. Attardons nous sur ce dernier.

German Cars en quelques mots

German Cars” se veut être un magazine Porsche “généraliste”: actualités, tests de nouveautés, présentation de raretés, etc… Le contenu est assez varié et l’ensemble agréable à lire.

Les points forts

C’est assez rare pour être souligné, mais le magazine n’est pas articulé uniquement autour de la 911 ou des Cayman/Boxster. Régulièrement les PMA (Porsche à Moteur Avant), moins connues du grand public, sont mises à l’honneur avec des essais de modèles rares et/ou exclusifs. On a souvent tendance à l’oublier mais c’est grâce à ces modèles “mal-aimés” que Porsche a évité la faillite dans les années 70-80…

Les articles, relativement bien illustrés de photos plaisantes, ne sont pas trop longs et vont à l’essentiel. Une autre qualité qui pourrait passer pour un défaut pour certains, c’est que le magazine ne paraît que tous les 3 mois. Cela semble peu mais ça suscite l’attente. Et puis j’imagine qu’il ne doit pas être facile de trouver des raretés à tester tous les mois ;-).

Ce qui m’énerve

Quand on lit ce qui précède on se dit que ce magazine est très bien. Oui, sauf qu’il y a quand même quelques trucs qui m’énervent, au point où je commence à avoir envie de changer de crèmerie.

Le phantasme de l’historique

Dans tous les numéros, German Cars répète jusqu’à plus soif qu’une Porsche ne vaut rien sans son historique complet. Dans le numéro de mars 2017, ils vont même jusqu’à répéter ce crédo sur quasi toutes les pages de leur dossier “Acheter sa première Porsche”.

Outre le fait que cette répétition est pénible, ça sent le remplissage facile pour éviter de devoir répondre aux vrais questions (problèmes éventuels à long terme, coût de l’entretien, coût de grosses interventions, …). Finalement on n’apprend pas grand chose après avoir lu les presque 30 pages de ce dossier.

Mais revenons quelques instants sur cette affirmation selon laquelle “une Porsche sans historique complet ne vaut rien”.

Disposer de l’historique complet peut certes rassurer mais il est illusoire de pouvoir y déceler tout problème. Prenons une voiture de 1987. Cela représente 30 ans de factures ! Sans parler du fait qu’il est impossible de vérifier ces informations, à quoi me sert de savoir qu’une vidange a été faite il y a 25 ans ? Ou que les plaquettes de frein ont été changées il y 20 ans ? Si l’auto a su traverser ces 30 ans en restant dans un bon état général, on peut raisonnablement penser qu’elle a dû être entretenue. Et puis après 30 ans, on n’est jamais à l’abri d’un pépin (mécanique, électrique ou autre), historique complet ou pas.

Par contre, ce que l’historique, même complet, ne dit pas c’est le soin qu’ont eu les précédents propriétaires avec leur véhicule: ont-ils tous bien attendu la mise en température avant de “libérer les chevaux” ? Ont-ils fait du circuit ? Ont-ils roulé dans de mauvaise conditions météo (pluie, neige) ? L’auto était-elle à l’extérieur la nuit ?

Pour prendre un cas tout à fait concret, ma 911 date de 2000 et je ne dispose pas de l’historique (mis à part le carnet d’entretien) avant 2009. Presque 10 ans d’inconnu ! Comment ai-je osé ? C’est tout simple: une petite discussion téléphonique avec l’indépendant qui a suivi la véhicule de 2009 à 2015 et la rencontre avec le dernier propriétaire ont suffit à me rassurer. Ce qui s’est passé avant ? Aucun intérêt !

Bref, vous aurez compris que je ne suis pas d’accord avec leur grand “principe moral” et il est fastidieux de se le faire répéter sans arrêt.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Autre refrain bien connu de German Cars: ils ne jurent que par les modèles d’origine. Sur ce point, je suis plutôt d’accord: je ne suis pas fan des “facelift” et autres opérations cosmétiques douteuses qui transforment par exemple l’avant d’une 996 en 997. Si on n’aime pas la 996 on achète autre chose.

Sauf que dans le numéro de mars 2017 ils mettent à l’honneur une 911 type 993 qui a été “relookée” en 911 classique. Beurk. Ce lifting a dû coûter les yeux de la tête pour au final avoir une … classique ? Ben non. Une 993 alors ? Non plus.

Soit on aime les classiques et on fait avec les équipements rudimentaires qui font précisément leur charme. Soit on veut le confort d’une moderne. Mais créer une espèce de modèle bâtard qui ne ressemble à rien et sera invendable… Tant l’amateur de classique que de moderne ne voudra pas de ce type d’auto. Pour le coup, celle-là ne vaut vraiment rien (même avec son historique complet ;-)

Ne mords pas la main qui te nourrit

German Cars est un magazine. Et comme tout magazine, ils vivent grâce aux annonceurs (et pas grâce aux lecteurs), constitués pour la plupart par des “marchands” Porsche (concessions, pièces détachées, kits, …). Et donc, jamais German Cars n’osera critiquer négativement un modèle, aussi raté soit-il.

Prenons l’exemple de la 914. Il faut bien reconnaître que cette voiture fut un échec total, tant au niveau commercial que technique. Quant au design, Porsche a réussi l’exploit de concevoir une des rares voitures au monde où l’avant est quasi indiscernable de l’arrière quand on la regarde de profil.

Porsche_914_profil

Et dans le numéro de janvier 2017, on trouve un article de plusieurs pages vantant les mérites de la 914. D’après eux, “On ne l’achète pas pour rouler vite, mais pour rouler bien, cheveux au vent…”

Mouais… Ils poussent même le bouchon jusqu’à prétendre qu’un modèle de 914 rare et en bon état peut monter à 50.000 euros ! 50.000 euros… Du grand n’importe quoi. Mais qui donnerait ce prix là pour une 914 ? Je vois d’ici la réaction des proches d’un “heureux” propriétaire de 914: “C’est une Porsche, ça ?” (ben oui) “Ah, c’est fort carré. Et ça roule vite ?” (ben non). Et la question qui tue: “T’as payé ça combien ?” Et cette question restera sans réponse sauf à vouloir être définitivement considéré comme un idiot.

Bref, il y a bien mieux à faire avec 50.000 € que d’acheter une 914. Acheter une 997 phase 2 par exemple ?

Alors bon, on sait bien que le point de vue d’un magazine globalement “sponsorisé” par Porsche n’est pas un exemple d’objectivité, mais là c’est vraiment prendre les lecteurs pour des gros chicons.

Pour conclure

En guide de conclusion, malgré les “maladresses” citées plus haut, le magazine reste quand même plaisant à lire. Sauf que s’ils continuent dans cette voie là, je n’hésiterai pas à me tourner vers d’autres magazines, comme RS Magazine ou Flat Six.

Le mieux c’est encore de vous forger votre propre opinion en achetant un exemplaire. N’hésitez pas ensuite à me faire part de votre avis quand vous l’aurez lu.

Ou de m’envoyer des insultes si vous êtes un fan inconditionnel de la 914 ;-).