Ça y est enfin ! La nouvelle saison d'endurance vient tout juste de commencer. Tiendra-t-elle ses promesses ?

Couverture l_endurance_en_2023

Avec le retour (ou l’apparition) de grands noms tels que Porsche, Ferrari ou BMW au plus haut niveau de la compétition d’endurance automobile, tout le monde s’attendait à du grand spectacle lors de la première épreuve sérieuse de la saison.

Il semblerait qu’il faille encore un peu de patience…

Comme vous le savez probablement, les réglementations IMSA et FIA pour la catégorie reine de l’endurance des sports moteur ont été harmonisés. Il en résulte que ce sont les mêmes voitures qui pourront concourir pour la victoire à Daytona, Sebring et surtout Le Mans qui appartiennent à des championnats séparés.

Ajoutez à cela l’engouement des constructeurs avec la présence de Porsche, Ferrari, BMW, Cadillac et Peugeot dès 2023, voilà qui promettait de nous changer des victoires sans panache répétées de Toyota qui roulait coude à la fenêtre sans adversaires.

Premier test grandeur nature

Bien entendu, le public avait répondu présent au premier rendez-vous de la saison lors des 24H de Daytona.

L’enjeu était double pour Porsche puisque c’était la première apparition en course des toutes nouvelles Porsche 963 (en catégorie prototypes) et de la 911 GT3 R nouvelle génération (la 992 avec son cul de panzer disgracieux)

Du côté des prototypes

Malgré des essais prometteurs, les prestations des 963 en course furent plutôt décevantes. L’une abandonne, l’autre termine avec 34 tours de retard sur le premier. La faute essentiellement à une panne de batterie du moteur électrique, élément qui n’a rien à voir avec Porsche car il est imposé (et identique) à tous les concurrents de cette catégorie.

La Porsche 963 au soleil couchant La Porsche 963 dans l'ambiance de la nuit à Daytona

Du côté de BMW ce n’était pas vraiment la fête non plus puisque la meilleure des deux termine avec 15 tours de retard alors que l’autre, ayant connu des problèmes mécaniques dès la première heure de course termine à 131 tours.

Tant pour Porsche que BMW on aurait envie de dire “peut mieux faire”, mais pour une première avec une toute nouvelle auto, ce n’est pas forcément surprenant. Décevant certes, mais pas surprenant.

Du côté des GT

Malheureusement, Porsche ne trouvera pas de consolation en GT, car les nouvelles 992 n’étaient pas en mesure de lutter pour la victoire. Ferrari, avec sa toute nouvelle 296 GT3 fait encore pire: sur les 4 voitures engagées, seule une rescapée termine la course…

La nouvelle 992 GT3 utilisée aussi en catégorie "amateur" (numéro sur fond vert) L'équipe victorieuse de l'année passée

Nivellement par le bas

Il y évidemment une raison à la contre-performance des Porsche 992: la BoP (Balance of Performance) qui leur était particulièrement défavorable.

Pour ceux qui l’ignorent, la BoP est un ensemble de règles “d’équivalence” permettant de rendre toutes les voitures compétitives, quelle que soient leurs architectures respectives (position du moteur, moteur turbo ou atmosphérique, poids du véhicule, …). L’objectif étant que chacun ait sa chance de victoire et que la différence se fasse plus sur le talent du pilote que sur la voiture.

Objectif à priori louable, mais dans les faits il s’agit juste d’un nivellement par le bas où tout le monde doit se caler sur la voiture la plus lente. Les organisateurs ont une imagination sans limite pour y parvenir: ajout de lest, capacité de réservoir diminuée, cartographie moteur revue, pression de turbo moindre, etc… Le sabotage étant évidemment plus facile que l’amélioration.

Je trouve ce concept magnifique: “tu as fais des efforts pour augmenter l’appui aérodynamique et alléger ta voiture de 50 kg ? Ah c’est con, faudra en ajouter 200 parce qu’il y aura une Bentley Continental au départ”. C’est exactement comme si on obligeait Usain Bolt à courir le 100 m avec un masque à gaz et un sac à dos rempli de briques sous prétexte qu’un fumeur obèse s’est invité à la course. Ça n’a évidemment aucun sens.

Ajoutons à cela la manoeuvre malhonnête, mais néanmoins fort répandue, de faire croire qu’on est lent en espérant pénaliser les autres. Les défenseurs de ce système absurde rétorqueront que sans BoP, ce serait toujours les mêmes qui gagnent. Et alors ? Au moins les efforts en développement seraient récompensés et ça forcerait les constructeurs à faire preuve d’imagination en innovant pour arriver devant, plutôt que de parier sur les handicaps dont hériteront les concurrents.

Mais chût, censure !

Cerise sur le gâteau: la FIA, dans son dernier règlement a formellement interdit aux participants (équipes, pilotes) de s’exprimer publiquement sur la BoP sous peine de sanctions.

Hé oui: la FIA est tellement convaincue du bien-fondé de sa BoP que les premiers concernés ne peuvent rien en dire.

Et quoi ? la FIA dispose d’un comité de surveillance qui sera chargé d’analyser tout ce qui se raconte sur le net (je leur souhaite bien du courage) ? Y aura-t-il une gradation dans les sanctions ? Est-ce que dire “la Bop c’est de la merde” sera aussi grave que “le truc-dont-on-ne-peut-pas-parler nous est défavorable” ? C’est quoi la prochaine étape ? La mise en place d’un ministère de la vérité ?

Pour la suite ?

Plus encore que la mésaventure de Porsche à Daytona, ce qui me dérange profondément c’est que la FIA fait n’importe quoi et prend des airs de petit con capricieux qui ne veut surtout pas qu’on dise du mal parle de sa BoP.

En attendant que la saison d’endurance tienne ses promesses - je reste persuadé qu’elle le fera, le prochain rendez-vous étant fixé au 17 mars avec les 1000 miles de Sebring - j’encourage bien sûr tous les acteurs de la compétition à désobéir à la FIA en médisant copieusement la BoP par tous les moyens possibles.