Comme tout le monde s'accorde à dire que les voitures à moteur thermique représentent le passé, et les voitures électriques le futur, la Formule E devrait être fort logiquement le futur de la compétition automobile. Non ?

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Porsche s’engagera en Formule E fin 2019. Mon intérêt pour cette discipline frôlant le zéro absolu, je me suis forcé à m’y intéresser pour ne pas mourir idiot. Je ne mourrai pas idiot, mais j’ai bien failli mourir de rire.

C’est quoi la Formule E ?

Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas spécialement portés sur les voitures électriques, la Formule E c’est comme la Formule 1 mais avec des voitures 100% électriques. J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais des voitures électriques de route, mais qu’en est-il en compétition ?

L’organisation des courses

Les courses ont lieu sur des circuits provisoires relativement courts (de 2 à 3,5 km) aménagés dans les grands centres urbains. Ben oui, comme elles ne polluent pas (hum hum) aucune honte à les amener en ville.

Les saisons comportent une dizaine de courses et sont organisées à cheval sur deux années civiles. Elles ont commencé en 2014 nous en sommes donc à la cinquième saison.

Les voitures

Maintenant que le décor est planté, passons aux choses sérieuses: lors de la première saison, toutes les voitures étaient identiques: des Spark-Renault (avec Renault, chaque jour un bruit nouveau) d’une puissance phénoménale de 250 chevaux culminant à la vitesse délirante de 225 km/h.

La Spark Renault

Pour les saisons suivantes, ça s’améliore un peu: le châssis et la batterie restent identiques mais plusieurs constructeurs proposent un moteur qui peut monter jusqu’à 335 chevaux.

Étant donné que la durée d’une course est de 45 minutes, on est en droit de se demander si les batteries peuvent tenir aussi longtemps. Très bizarrement, elles ne tiennent pas. Et comme attendre 2 heures au stand que la batterie se recharge n’aurait pas été très fun, les pilotes changent carrément de voiture ! (les batteries doivent sûrement être impossibles à changer)

J’adore le message sous-jacent:

Pour rouler vite 45 minutes à l’électrique, il faut 2 voitures.

Pour le coup, la cause écologique en prend un coup… Heureusement qu’elles ne sont pas équipées de clim, de radio, de gps, d’essuie-glace ou de dégivrage sinon il en faudrait une troisième ;-)

Mais je suis mauvaise langue, parce que ça c’était avant. Depuis la cinquième saison et l’arrivée de la seconde génération de Formule E, les batteries tiennent le coup pendant toute la course. A condition de ne pas faire trainer les choses avec une safety car ou des incidents de course.

Les trucs ridicules

Le fan boost

Figurez-vous que les fans peuvent voter via les réseaux sociaux pour leur pilote favori depuis 6 jours avant la course jusqu’au départ. Les 5 pilotes ayant remportés les suffrages bénéficient d’un “extra-boost” utilisable pendant 5 secondes à partir de la seconde moitié de course.

Le mode “attaque”

Dans ce mode inauguré lors de la cinquième saison, les pilotes bénéficient d’une puissance supplémentaire de 35 chevaux à condition de rouler en dehors du tracé de la course. Le nombre de boost et leur durée sont décidés peu avant la course pour éviter que les écuries ne les intègre dans leur stratégie. La puissance supplémentaire obtenue doit s’utiliser en fin de course.

Moi j’attends avec impatience le moment ou les pilotes pourront se jeter des bananes ou récolter des champignons turbo.

Les trucs nuls

L’ambiance

Inutile de dire que le son des moteurs est pour beaucoup dans l’ambiance d’une course automobile. Je ne sais pas vous, mais quand je me rends sur un circuit et qu’on entend déjà les voitures vrombir depuis le parking, ça met déjà les choses sérieusement en place.

Et le son que font ces autos est à la hauteur du reste. Jugez par vous-même: qui voudrait entendre ça quand on peut entendre ça ou ça ? Réponse: personne.

L’endurance

Pas besoin de m’étendre sur le sujet: s’il faut déjà 2 voitures pour rouler 45 minutes, on n’est pas prêt de voir débarquer le “futur” au 24H du Mans… Tant mieux: au moins ça laisse les vrais circuits pour les vrais bolides.

Le passé face au futur

Revenons à une époque suffisamment lointaine pour pouvoir parler de “passé”. A tout hasard, 1973: l’année où la Porsche 917/30 a remporté 6 des 8 courses du championnat Can-Am. La 917/30 était un monstre de 12 cylindres de 5,4 L équipée de 2 turbos développant 1100 chevaux (pouvant monter à 1500) pour 800 kg. Le 0 à 100 km/h est englouti en 2,2 secondes. Il s’agit tout simplement de la voiture de course la plus puissante jamais construite.

Quand on sait que son pilote était assis entre 2 réservoirs de 200 litres chacun et que les gaz d’échappement faisaient chauffer les turbos à plus de 1000 degrés, moi je dis: respect. Face à ça, le “futur” nous propose des pilotes qui font les clowns à la télé pour gagner des “fan boosts”…

La 917/30 reste exceptionnelle même 45 ans plus tard. Pas sûr qu’on puisse en dire autant de ces karts électriques…

La 917/30 Can-Am Le moteur de la 917/30 Can-Am

En conclusion

Les voitures du passé et celles du “futur” courent dans des divisions tellement différentes que pour moi, les deux ne peuvent pas s’appeler “sport automobile”.

D’un côté, nous avons des voitures peu puissantes, peu endurantes, qui font un bruit de sèche-cheveux et tournent sur des circuits sans intérêt.

De l’autre nous avons des bolides bien plus puissants et conçus pour courir 24H dans un concert tonitruant sur les plus beaux circuits du monde.

Avec ça pas compliqué de comprendre que le “futur” n’a aucun avenir.