Retour sur la première itération des 24H du Mans de la "Super saison"

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Ça fait maintenant un bout de temps que les 24H du Mans 2018 sont terminées, vous connaissez donc probablement le résultat: la victoire éclatante de Porsche.

Ah non je me trompe: j’avais oublié que c’est Toyota qui a remporté la course au classement général. Mais comme je l’ai dit précédemment, cette victoire n’a aucun intérêt puisque Toyota courait seul dans sa catégorie en finissant avec 12 tours d’avance sur le plus proche poursuivant. Bravo.

Cette année, seul Toyota pouvait battre Toyota soit sur sortie de piste ou panne irréparable. Il y a bien Alonso qui a tenté de ruiner les espoirs de son employeur en faisant quelques manœuvres aussi dangereuses qu’inutiles envers la voiture sœur, mais au final rien de tout ça n’est arrivé. Ils ont donc logiquement terminé premiers en roulant pendant 24H le coude à la fenêtre.

Certains estiment que Toyota méritait enfin de gagner les 24H après leurs nombreuses tentatives. Peut-être. Ce que je retiendrai plutôt c’est qu’il a fallu quasiment leur apporter le trophée sur un plateau pour gagner.

2018: année anniversaire

Pour ceux qui l’ignoraient, cette année cela fait 70 ans que Porsche fabrique des voitures. On parle beaucoup des 70 ans de Porsche, mais la société Porsche existe en réalité depuis avril 1931. Ce n’est que 17 ans plus tard que la première 356 sortit des ateliers.

Et comme Porsche et les 24H du Mans c’est une belle et longue histoire, Porsche se devait de briller lors de cette course pour honorer dignement ce 70ième anniversaire.

Les forces en place

Porsche n’a donc pas lésiné sur les moyens: pas moins de quatre 911 RSR étaient alignées sur la grille de départ. En même temps, Ford est aussi venu pour gagner avec 4 Ford GT, Porsche ne pouvait donc pas se contenter de “seulement” deux 911.

Et sur ces quatre 911, deux étaient décorées en hommage à d’anciennes livrées qui ont marqué l’histoire (marketing et sportive) de la marque.

La plus belle: la Rothmans

Sans plus attendre, voici la 911 de 2018, magnifique avec ses jantes blanches: 1

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porsche_911_rothmans_in_race

Je ne sais pas vous, mais moi je la trouve particulièrement réussie. Dommage qu’elle ne garde pas ces couleurs pendant toute la saison.

L’hommage

Elle fait bien sûr référence à la célèbre livrée Rothmans (cigarettier) qui est probablement la plus connue avec une longue séries de victoires diverses et variées. Citons par exemple la victoire du rallye Paris-Dakar en 1986 avec la 959 ou encore la première place au général des 24H du Mans en 1986, 1987 et 1994 avec la 962.

Autre victoire de Porsche avec ces couleurs: la Porsche 956 en 1982 aux 24H du Mans avec Jacky Ickx et Derek Bell au volant (oui, à l’époque ils n’étaient que deux à se relayer).

Voici la 956 de 1982: 2

porsche_956_1982

L’originale: le petit cochon rose

Là, ils ont fait plus fort encore: la voiture arborait la même décoration que la 917 de 1971, la fameuse “Pink Pig” qui avait frappé les esprits à l’époque. Et elle ressemblait à quoi la Pink Pig ? Comme son nom l’indique, elle est rose, avec les différentes parties du cochon découpées en pointillé. Du grand art !

Voyez plutôt: 2

porsche_917_pink_pig

Et voici la petite sœur de 2018: 1

porsche_911_pink_pig

porsche_911_pink_pig_in_race

Un petit morceau d’histoire

Cet exemplaire unique de 917, était une espèce de compromis entre la 917 LH (à longue queue) très rapide dans les lignes droites mais instable en courbe, et la 917 K (courte) stable en courbe mais manquant de vitesse de pointe.

Son nom officiel était 917/20 et elle a été conçue spécialement pour les 24H du Mans 1971. 1971 c’est aussi la dernière année où se faisait le départ “à la 24H”, à savoir que les pilotes traversaient la piste en courant pour monter dans la voiture et démarrer. A côté, les départs avec tour de chauffe sont d’une tristesse…

Elle n’avait pas remporté la victoire à l’époque à cause d’une violente sortie de piste alors qu’elle était troisième. C’est Reinhold Joest qui était au volant au moment de l’accident dont il est sorti miraculeusement indemne. Il a eu beau affirmer qu’il n’y était pour rien, personne ne l’a cru en l’accusant d’avoir simplement raté son freinage.

Ce n’est que 10 ans plus tard, lors de la restauration de la 917/20 en Amérique, qu’on s’est rendu compte que les étriers de frein de l’avant étaient soudés aux disques… La faute à l’efficacité accrue de la voiture qui a entraîné une usure prématurée des plaquettes.

Cette année

Assez parlé du passé, place au présent. Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps: Porsche s’est une fois de plus brillamment illustré en remportant les deux premières places avec justement le cochon rose et la Rothmans.

Si vous n’avez pas assisté aux 24H, sachez que le cochon rose a été rapidement en tête et a profité de l’intervention de la safety car pour prendre une avance confortable. Elle a ensuite gardé la tête jusqu’à l’arrivée.

Quant à la Rothmans, elle a dû se battre un peu plus pour obtenir et ensuite conserver sa deuxième place. On se souviendra en particulier du duel flamboyant entre Frédéric Makowiecki au volant de la Porsche et de Sébastien Bourdais à bord de la Ford GT.

Ce fut nettement moins glorieux pour les deux autres Porsche: l’une a été contrainte à l’abandon sur casse mécanique irréparable et l’autre termine en fin de peloton suite également à des problèmes mécaniques.

En guise de conclusion

Pour finir, je mentionnerai également la victoire d’une Porsche en catégorie GTE Am (celle du Dempsey Proton Racing). On peut donc affirmer que Porsche était premier dans toutes les catégories où ils étaient présents.

Au vu de ce palmarès, je crois qu’il était difficile de faire mieux pour fêter dignement les 70 ans de la construction de la première Porsche.


  1. (Ces photos ne sont pas de moi. Elles ne sont donc (à priori) pas en Creative Commons) 

  2. (Photos issues de wikipedia)