GT3, GT3 RS, R ou RSR... C'est la même chose, non ? Pas tout-à-fait.

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On pourrait croire que toutes ces déclinaisons de GT3 sont équivalentes d’autant plus qu’il n’est pas évident de les distinguer au premier coup d’œil. Elles sont pourtant assez différentes. Explications.

Une GT3, c’est quoi ?

Le terme GT3 correspond simplement au troisième ensemble de régulations de la FIA pour l’organisation de courses automobile dites de “Grand Tourisme” (GT).

Les véhicules ont l’obligation de dériver d’un modèle de série homologué pour la route et produit dans un nombre minimum d’exemplaires. Une vingtaine de constructeurs proposent ce type d’auto, parmi lesquels Ferrari, Audi, Aston Martin, Mercedes, Lamborghini, BMW, Honda, McLaren, Bentley et Porsche bien sûr.

Le GT3 survient en 2005 (imaginée par Stéphane Ratel, l’actuel organisateur du Word GT Challenge) après donc le GT1 et le GT2 (plus le chiffre est petit, plus les performances sont élevées). L’objectif de cette nouvelle catégorie destinée aux amateurs et autres “gentleman drivers” était d’offrir une alternative moins onéreuse que les deux autres.

Entretemps, les voitures ont tellement évolué qu’elles sont maintenant plus rapides que les GT1 d’il y a 10 ans. Combinez 500 chevaux, un poids tournant autour de 1300 kg et un appui aérodynamique pouvant aller jusqu’à 1 tonne et vous aurez une petite idée des vitesses pouvant être atteintes.

Actuellement chez Porsche, il existe 2 modèles routiers de la 911 GT3: la GT3 tout court et la GT3 RS, ainsi que 3 modèles de course: la GT3 Cup, la GT3 R et la GT3 RSR.

Les modèles routiers

Pas énormément de différences entre ces deux là qui sont fort semblables intérieurement. Elles sont toutes les deux équipées de la même boite séquentielle (PDK), des mêmes trains roulants, du même arceau, etc… Par contre, le moteur est un peu différent: celui de la GT3 “simple” affiche 3.8L et 475 cv alors que la déclinaison RS monte à 4L et 500 cv (520 pour la phase 2).

Extérieurement, il est facile de les différencier grâce aux appendices aérodynamiques de la RS plus nombreux, comme un aileron plus haut et plus grand ou encore d’ailettes de refroidissement dans les ailes avant.

La RS peut aussi être “améliorée” via d’autres options (comme un allègement plus poussé ou le pack “carbone”) qui font que la GT3 RS est une voiture faite pour la piste pouvant accessoirement rouler sur la route, alors que la GT3 “simple” est une voiture faite pour la route qui peut aussi faire du circuit.

Une GT3 "simple" Une GT3 RS. Notez les aillettes sur les ailes avant, les entrées d'air et l'énorme aileron

Les modèles de compétition

Évidemment, les GT3 Cup, R et RSR ne sont pas homologuées pour la route: elles ne peuvent rouleur que sur circuit.

La GT3 Cup

On va commencer par la moins chère (comptez tout de même environ 220.000 €) et la plus légère (1.200 kg) mais la plus délicate à piloter, la version Cup.

Par rapport à ses petites sœurs routières, le moteur est un peu moins puissant (3.8L / 460 chevaux) et tout équipement de confort a été retiré. On lui a aussi supprimé toute assistance à la conduite (pas d’ABS ni d’anti-patinage). En d’autres termes, il n’y a rien dans cette voiture qui puisse vous aider à la piloter rapidement, à part le talent.

Elle court uniquement dans les compétions de type Carrera Cup où toutes les voitures sont identiques. Il s’agit de courses de promotions Porsche se déroulant un peu partout en Europe, en Amérique et en Asie.

Cette filière, peu médiatisée, permet aux jeunes pilotes de montrer toute l’étendue de leur art (aucune aide au pilotage et tout le monde a la même voiture) et de se faire un nom avant de devenir éventuellement un pilote Porsche officiel1.

GT3 Cup: un mix entre la GT3 et la GT3 RS Aucune aide à la conduite pour la GT3 Cup

La GT3 R

C’est la plus courante car elle participe à toutes les courses de GT3 (24H de Spa, 24H du Nürburgring, championnat GT World Challenge, …), sauf celles du WEC et de l’IMSA. Même cylindrée que la GT3 RS (4L), la puissance variant de 510 à 550 chevaux en fonction de la balance de performances.

Elle dispose d’un ABS et d’une petite aide à la traction, ainsi que de nombreux appendices aérodynamiques un peu partout sur la voiture. Tout est réglable sur cette voiture: la suspension, l’anti-patinage, l’ABS, la linéarité de la poussée, la cartographie moteur, …

C’est une auto conçue pour les courses d’endurance qui enchainera les tours sans broncher.

Elle ne fait que 20 kg de plus que la Cup (1220 kg donc) par contre elle est “un peu” plus cher que cette dernière: 500.000 € (ça fait cher les 20 kg)1.

Aileron énorme et diffuseur arrière sur la GT3 R Le trou rond béant sur le capot sert au ravitaillement en essence

La GT3 RSR

Celle-ci est la plus éloignée de la GT3 RS de série, et de toutes les autres d’ailleurs, tant au niveau de l’architecture que du prix qui atteint presque 1 million d’euros… (1245 kg et 980.000 € pour être précis).

La différence la plus importante, outre le prix démentiel, c’est son architecture: le moteur n’est plus en porte-à-faux arrière, mais en position centrale arrière, ce qui implique que la boite de vitesses soit inversée. C’est la première 911 de l’histoire à être conçue de la sorte.

Le système de suspension est aussi différent par rapport aux autres GT3, par contre le moteur est quasiment identique avec une cylindrée de 4L et 510 chevaux.

Cette auto participe au championnat du monde d’endurance (le WEC incluant les 24H du Mans) ainsi qu’au championnat nord américain (IMSA), du moins jusqu’en 2020.

La RSR dispose d’un système anti-patinage mais n’a pas d’ABS, bien que des voyants sur le tableau de bord indiquent si les roues sont sur le point de se bloquer. Elle est aussi équipée d’un système radar anti-collision qui avertit le pilote lorsque des véhicules plus rapides (comme les prototypes LMP1) approchent.

Extérieurement, on peut la distinguer des autres GT3 grâce à son diffuseur arrière bien plus grand, rendu possible par le déplacement du moteur1.

Extérieurement, difficile de distinguer les GT3 R et RSR... ...sauf à l'arriere de la RSR où le diffuseur est bien plus haut

Le point commun: aucune n’a de turbo

Ces 5 déclinaisons de la 911 GT3 ont toutes un point commun: le moteur n’est pas turbo-compressé.

La raison pour laquelle Porsche utilise un moteur atmosphérique est simple: le règlement du WEC stipule que toutes les GT doivent avoir les mêmes caractéristiques de couple, que le moteur soit suralimenté (= avec turbo) ou pas. Du coup, en utilisant un moteur sans turbo la 911 gagne 40 kg sans compter le gain apporté par un système de refroidissement plus petit car un moteur sans turbo chauffe moins.

Autre détail amusant: les GT3 Cup et RSR ont un embrayage au pied qui ne sert qu’à démarrer. Une fois la voiture partie, le changement de vitesses se fait avec les palettes au volant. Il est donc possible de caler en quittant les stands ou en redémarrant après avoir fait un petit détour dans le bac à gravier.

Briller en société… ou pas

Ah, on me glisse à l’oreille que la 992 GT3 Cup (tout juste annoncée par Porsche à l’heure d’écrire ces lignes) fera ses grands débuts en cette année 2021… Bon ben oubliez tout ce qui précède (ça concernait la 991), il faut tout recommencer avec la 992.

En attendant, j’espère que ces quelques explications vous auront permis d’y voir un peu plus clair. Et si vous avez tout bien retenu, vous pourrez même briller en société. Ou être invité à un dîner.


  1. (Images issus de Porsche. Elles ne sont donc (à priori) pas en Creative Commons)