Petit résumé des résultats Porsche en endurance pour la saison 2022

Couverture porsche_aux_grandes_courses_de_2022

Toutes les courses d’endurance notables étant terminées, c’est le moment de dresser un petit bilan. Par courses d’endurance notables, j’entends toutes les courses de 24 heures ainsi que les 1.000 miles de Sebring. Le reste… on s’en fout.

Les 24H de Daytona

La première grande course au calendrier est traditionnellement les 24H de Daytona qui a lieu au mois de janvier. Cette année le rendez-vous était fixé les 29 et 30 janvier.

Le circuit est situé en Floride et a cette tête là:

Daytona Speedway

La course fait partie du championnat nord-américain IMSA, duquel Porsche, en tant qu’équipe usine, est absent mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de Porsche.

Particularités de la course

Les virages rapides sont relevés (le 12 et le 7), un truc dont les Américains sont friands, ce qui permet d’y aller pied au plancher.

Plusieurs catégories de véhicules courent en même temps, ce qui est propice aux “situations intéressantes” (= la gestion du trafic). On y retrouve donc, du plus rapide au moins rapide: les prototypes avec les DPi (Daytona Prototype international), les LMP2 (Le Mans Prototype) et les LMP3 (exclusivité du championnat IMSA) puis les GT avec en gros une catégorie “pro” (GTD PRO) et une catégorie “amateur” (GTD tout court).

Le fait marquant

Outre le grand nombre d’abandons (comme dans toute course de 24 heures), le meilleur moment fut sans conteste la bataille acharnée que ce sont livrée Laurens Vanthoor et Mathieu Jaminet pour la première place de la catégorie GTD PRO, chacun à bord d’une 911.

Cette lutte pour la victoire, qui aurait pu très mal finir pour les deux protagonistes, s’est déroulée durant les vingt dernières minutes jusqu’au dernier tour. Elle fut finalement remportée par Mathieu Jaminet à bord de la 911 de l’équipe Pfaff (rien à voir avec Jean-Marie).

S’il n’y a qu’un seul extrait à voir de cette course, c’est celui-là:

Bagarre pour la victoire en GTD Pro à Daytona

Résultat final

On a donc en GTD PRO:

  1. Porsche avec Matt Campbell, Mathieu Jaminet, Felipe Nasr
  2. Ferrari avec Alessandro Pier Guidi, James Calado, Daniel Serra, Davide Rigon
  3. Porsche avec Laurens Vanthoor, Patrick Pilet, Dennis Olsen, Alexandre Imperatori (regardez la vidéo pour découvrir pourquoi il ne termine pas en deuxième place)

La voiture victorieuse au 24H de Daytona en 2022 La voiture victorieuse au 24H de Daytona en 2022

les 1000 miles de Sebring

Le deuxième grand rendez-vous, ce sont les 1.000 miles de Sebring. Pour cette épreuve, on reste en Floride, la date étant fixée au 18 mars.

Particularités de la course

Autrefois, ce lieu était un aérodrome militaire perdu au milieu de nulle part, abandonné après la seconde guerre mondiale. Puis quelqu’un a eu la brillante idée d’y organiser des courses d’endurance moyennant quelques menus travaux pour relier les bouts de pistes ensemble.

Il en résulte que certaines portions du tracé actuel sont directement issues des pistes de l’ancien aérodrome avec des revêtements différents (béton / asphalte) et surtout des endroits très bosselés comme le virage 17.

Le circuit de Sebring

L’épreuve fait partie du Championnat du monde d’endurance, le fameux WEC dont j’ai déjà longuement parlé, essentiellement pour dire que ce championnat a perdu toute saveur depuis le retrait de Porsche de la catégorie reine en 2018, laissant l’équipe Toyota se battre seule contre elle-même.

Cette année, le départ était donné par Monsieur Jacky Ickx himself.

Les faits marquants

Ici j’utilise le pluriel car il y a 2-3 trucs à dire, mais c’est surtout Toyota qui aura marqué cette édition des 1.000 miles de Sebring en se couvrant de honte à deux reprises.

Le premier événement honteux est évidemment le résultat de la course, que Toyota perd au profit de l’Alpine (qui n’est rien d’autre qu’une LMP2 avec un auto-collant LMP1).

Le second moment “oups” survint après que la Toyota numéro 7 pilotée (si on peut dire) par José Maria Lopez ait raté le dépassement d’une GT en l’accrochant à l’avant, faisant quitter la route à la Toyota et endommageant l’avant par une “caresse” du mur de pneus (la GT n’a rien, merci pour elle). Bon, rater un dépassement dans un excès de confiance ça peut arriver à tout le mode (même si à ce moment précis la voie était complètement dégagée).

Par contre, retourner à toute blinde aux stands avec un véhicule endommagé comme si rien ne s’était passé, c’est complètement con. Surtout si un épais nuage de fumée vous poursuit. La sanction n’a pas tardé: la Toyota a tiré tout droit dans un virage, percutant de plein fouet un mur de pneus et provoquant la destruction totale de la voiture.

J’ajouterai que l’idiot du jour est un homme sacrément chanceux car il s’en est sorti indemne et n’a entraîné personne d’autre dans son accident. D’autres pilotes bien plus talentueux sont morts pour moins que ça (pas vrai Ayrton ?).

Voici sa “performance” filmée:

Crash stupide de la Toyota 7 à Sebring

Quant aux GT, Porsche s’est disputé la première place avec Corvette pour finalement l’emporter, Ferrari étant complètement hors du coup.

L'équipe usine Porsche à Sebring L'équipe usine Porsche à Sebring

La course a été arrêtée avant son terme pour cause de tempête électrique (une e-tempête).

Résultat final

On a donc en GTE-PRO:

  1. Porsche avec Michaël Christensen, Kevin Estre
  2. Corvette avec Nick Tandy, Tommy Milner
  3. Porsche avec Gianmaria Bruni (transfuge de Ferrari, Jimmy pour les intimes), Richard Lietz

Les 24H du Nürburgring

Fini de rire, nous voilà en présence de l’épreuve d’endurance auto la plus difficile au monde. Cette 50ième édition avait lieu les 28 et 29 mai, alors que traditionnellement la course se déroule une semaine après les 24H du Mans (le corona-dictateur a chamboulé les bonnes vieilles habitudes).

Le Nürburgring se situe dans la région montagneuse de l’Eifel en Allemagne. J’en parle notamment ici et .

Le Nürburgring

Particularités de la course

Le tracé des 24H combine la mythique boucle nord de 21 km et une grande partie du circuit F1, un tour complet totalisant un peu plus de 25 km ! Plus du double du pourtant déjà très long circuit du Mans. À noter que cette épreuve ne fait partie d’aucun championnat.

Cette année 137 voitures étaient au départ, réparties dans plus de 25 catégories différentes (!). Je ne vais pas toutes les énumérer, sachez simplement qu’il n’y a pas de prototypes comme au Mans ou à Daytona, il n’y a que des voitures de tourisme.

Un peu comme au Mans à la grande époque, quasiment n’importe qui peut y participer. On se retrouve donc avec une très grande variété d’autos, allant de la Dacia Logan jusqu’à la 911 GT3 R en passant par les Cayman, BMW M2, Golf, et autres Hunday. Il en résulte une gestion du trafic très compliquée sur un circuit étroit qui ne pardonne pas le moindre écart.

Si vous voulez en savoir plus, ce billet explique pourquoi c’est la meilleure course au monde.

Le fait marquant

Seules 2 Porsche pouvaient prétendre à la victoire. La première, partie dans dans le top 10 de la grille vit tout espoir de victoire s’échapper suite une collision provoquée par une Mercedes en début d’épreuve.

L’autre (la “greelo” numéro 1 victorieuse l’année passée), partie en fond de grille autour de la vingtième position fit une remontée fulgurante pour se propulser en première position après seulement une heure et demie de course grâce à la combinaison subtile de la maestria au volant de Kevin Estre et d’une stratégie de ravitaillement décalée.

Malheureusement, tous ces efforts n’auront pas servi à grand chose. Environ 3 heures et demie après le départ, alors que Laurens Vanthoor au volant de la greelo se faisait doubler par une Audi pilotée par son petit frère Dries Vanthoor, Laurens a voulu stupidement jouer des coudes en faisant volontairement une “touchette” à l’Audi: bien mal lui en a pris, car il a totalement perdu le contrôle de la 911 qui a percuté violemment le rail de sécurité pour aller ensuite s’encastrer dans un mur de pneus.

Laurens Vanthoor est coutumier de ce genre de manœuvres agressives (rarement productives), et cela devait bien lui arriver un jour. J’ai tout de même du mal à comprendre: ce sont des pros, ils savent qu’ils sont sur le “ring” où tout écart se paye cash et qu’il restait encore plus de 20 heures pour rattraper l’Audi… Mais non, il tente un truc débile à même pas un quart de l’épreuve.

Et devinez qui remporte la course ? L’Audi du petit frère. L’ambiance va être sympa aux repas de famille.

Voici la manœuvre en question:

Touchette de Laurens Vanthoor à bord de la 911 sur l'Audi de Dries Vanthoor

La numéro 1 (greelo) avant la course La numéro 1 (greelo) quand elle était encore en piste

Sinon pour mettre l’ambiance juste avant la nuit, une KTM X-Bow prit feu. Le truc marrant c’est que le pilote a abandonné sa voiture (on le comprend), manifestement dépourvue de frein à main, car lorsque les services de sécurité sont arrivés pour éteindre l’incendie, la voiture a continué à avancer pour traverser la piste et continuer à brûler.

Résultat final

On a donc au général:

  1. Audi avec Kelvin Van der Linde, Dries Vanthoor, Frederic Vervisch, Robin Frijns
  2. Mercedes avec Adam Christodoulou, Maximilian Götz, Fabian Schiller
  3. Mercedes avec Maro Engel, Jules Gounon, Daniel Juncadella

Les 24H du Mans

L’épreuve la plus bling-bling de l’année avait lieu les 11 et 12 juin. Pour les distraits du fond, elle fait partie du WEC en étant évidemment la plus importante de la saison.

Particularités de la course

Le tracé n’existe que pendant la durée de la course car il utilise des routes nationales (on dit “circuit non permanent” dans les milieux autorisés), ce qui est gênant pour les équipes car cela empêche tout essai préliminaire. Il totalise un peu plus de 13 km et ressemble à ça:

Le circuit des 24H du Mans

Le départ est précédé d’un cérémonial ridicule où des militaires descendent en rappel d’un hélicoptère pour apporter le drapeau du départ puis c’est la patrouille de France qui survole le circuit, le tout dans un délire mégalomaniaque sur fond de Marseillaise (hé, calmez-vous les gars, c’est juste une course de bagnoles, hein).

Les faits marquants

Un peu plus de 60 voitures au départ, dont trois Ferrari d’usine en GTE-PRO et deux prototypes de la petite équipe Glickenhaus qui courent dans la catégorie LMP1.

On assiste d’abord à une bataille Corvette - Porsche pour le haut du classement en GTE PRO, Ferrari étant un peu à la ramasse en début d’épreuve.

À part un souci technique pour une des deux Corvette, tout le monde passe la nuit à peu près sans encombre jusqu’à ce que la Porsche 92 de Kevin Estre, Michael Christensen et Laurens Vanthoor explose complètement l’avant de la voiture à cause d’un pneu déchiré à un peu plus de 8 heures de la fin. Avec le retour au stand (à vitesse réduite, hein José) et la réparation, les espoirs de victoire s’envolent pour la 92.

La Porsche 92 était pourtant bien partie La Porsche 92 en bagarre avec Corvette

Le dimanche matin, la corvette encore en lice pour la victoire, en bagarre avec Ferrari, se fait pousser dans le décor à haute vitesse par la LMP2 de François Perrodo visiblement mal éveillé. C’est l’abandon pour la Corvette qui heurte violemment la barrière de sécurité. J’ignore si les fans de Corvette sont rancuniers, mais à la place de l’ami François (qui est allé présenté ses excuses), j’engagerai un ou deux gardes du corps le temps de me faire oublier.

François Perrodo qui pousse la Corvette dans le rail

Il en résulta un duel Porsche - Ferrari finalement remporté par Porsche.

La Porsche 91 victorieuse au petit matin du dimanche Ravitaillement et changement de pilote pendant la nuit pour la Porsche 91

À noter que les 2 Glickenhaus sont allés au bout en terminant troisième et quatrième, derrière les deux Toyota.

Résultat final

On a donc en GTE-PRO:

  1. Porsche avec Gianmaria Bruni, Richard Lietz, Frédéric Makowiecki
  2. Ferrari avec Alessandro Pier Guidi, James Calado, Daniel Serra
  3. Ferrari avec Miguel Molina, Antonio Fuoco, Davide Rigon

Les 24H de Spa

On termine la saison des grandes courses par les 24H de Spa qui a eu lieu cette année les 30 et 31 juillet (c’est triste de se dire qu’après y’aura plus rien). L’épreuve fait partie du championnat GT World Challenge Endurance dont elle est le point d’orgue.

Particularités de la course

Les organisateurs aiment répéter que c’est la plus grande course de GT au monde. Toutes les voitures répondent au règlement FIA GT3, la différence de catégorie se faisant en fonction de l’expérience des pilotes (pro, gold, silver et bronze). Et avec plus de 60 voitures au départ sur un circuit de 7 km, c’est un peu comme si 120 concurrents prenaient le départ au Mans.

Donc oui, de ce point de vue on peut affirmer que c’est la plus grande. Mais comme dirait un grand maître Jedi: “Ce n’est pas la taille qui compte”.

Le tracé serpente dans les Ardennes belges et ressemble à ça:

Le circuit de Spa-Francorchamps

Les faits marquants

Parmi les favoris, il y avait la Porsche n° 221 de l’équipe GPX à la livrée Martini Racing magnifique (chez GPX on sait décorer les voitures avec style):

La Porsche GPX dans la livrée hommage de la 917 victorieuse au Mans en 1971: magnifique La Porsche GPX dans la livrée hommage de la 917 victorieuse au Mans en 1971: magnifique

Malheureusement, les talent combinés de Kévin Estre, Richard Lietz et Michael Christensen ne seront pas suffisants: l’abandon a été prononcé pendant la nuit vers 4:00 suite à un problème de transmission.

Une autre Porsche, sur laquelle personne n’aurait parié au départ, a fait peur à tout le monde: la 47 de l’équipe KCMG (Nick Tandy, Dennis Olsen et Laurens Vanthoor).

Partie bonne dernière sur la grille de départ à cause d’une erreur en qualification, elle a effectué une remontée spectaculaire pour pointer en première place après 15 heures de course !

La Porsche KCMG 47 partie de la dernière place en tête des 24H de Spa La Porsche KCMG 47 pilotée ici par Denis Olsen pourchassée par la Mercedes de Maro Engel

(Merci à newsroom.porsche.com pour la mise à disposition de toutes les photos et à Wikipedia pour le tracé des circuits)

Mais c’est Mercedes qui rafle la mise avec un doublé, la KCMG finissant seulement septième au terme des 24 heures.

Résultat final

On a donc au classement général:

  1. Mercedes avec Raffaele Marciello, Daniel Juncadella, Jules Gounon
  2. Mercedes avec Luca Stolz, Steijn Schothorst, Maxi Götz
  3. Ferrari avec Antonio Fuoco, Daniel Serra, Davide Rigon

And the winner is

Avec 3 courses remportées sur 5, on pourrait se dire que Porsche ne s’en tire pas si mal. Sauf que ce n’est pas ça qui est important, même si Porsche les avait toutes gagnées.

Non, le grand vainqueur de cette saison d’endurance, c’est le sport auto dans son ensemble. Quelle que soit l’épreuve, la date ou le lieu, le public était présent en nombre. Les esprits chagrins diront qu’après 2 ans de vache maigre (corona-dictateur) ce n’est que normal, moi je préfère y voir un signe encourageant.

Un signe encourageant, démontrant avec force aux têtes de cons moralisatrices, que la course auto reste spectaculaire, que la passion ne faiblit pas et qu’elle fait déplacer les foules.