Malgré les contraintes imposées par le coronadicteur, les championnats GT ont finalement eu lieu, moyennant quelques aménagements. Maintenant que c'est fini, c'était bien quand même ?

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En cette fin novembre, tous les championnats GT importants sont terminés, il est donc temps de tirer un bilan de cette année un peu particulière.

Les championnats GT

Je vois trois championnats GT importants dans mon radar (si vous en connaissez d’autres je suis preneur):

  1. Le WEC (World Endurance Championship)
  2. Le GT World Europe (l’année passée, il s’appelait “Blancpain GT Series”)
  3. Le championnat nord américain “WeatherTech SportsCar” organisé par l’IMSA (International Motor Sports Association)

Le WEC

Si vous suivez ce blog, vous avez eu maintes fois l’occasion de me lire à ce sujet. Pour les autres, sachez simplement que ce championnat comprend dans son calendrier la course mythique des 24H du Mans. Plusieurs catégories de véhicules très différents courent en même temps avec notamment des GT et des prototypes dont les fameux prototypes hybrides “LMP1” (~ 1000 chevaux).

Ce championnat était, à mon humble avis, le plus intéressant. Mais ça c’était avant.

Car depuis 2018 et la débâcle Audi - Porsche ayant donné naissance aux “Super Seasons” (18 mois chacune), les dirigeants de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest - organisateurs du championnat) multiplient les tentatives désespérées pour sauver ce championnat de l’indifférence générale. En gros, tout le monde s’en va. Jugez par vous-mêmes: pour cette seconde “Super Season”, seulement 3 constructeurs en GTE Pro (Porsche, Aston Martin, Ferrari) et un seul constructeur en LMP1 hybride (Toyota) !

D’ailleurs lors de l’épreuve concluant la saison à Bahrain, Toyota termine avec 16 tours d’avance (!) sur son plus proche “rival” (si on peut dire). Pas vraiment excitant…

Dernière chose, pas vraiment étonnante et révélatrice du malaise ambiant: le directeur (pardon, “CEO”) du WEC, Gérard Neveu, quittera officiellement ses fonctions à la fin de l’année. L’intéressé nie bien entendu avoir été gentiment raccompagné à la sortie en insistant sur le fait que la décision a été prise “d’un commun accord” avec l’ACO. Mais oui Gérard, pas besoin de te justifier, on a compris va.

Une belle fin de saison pour Porsche

Par contre, cette fin de (“super”) saison s’achève en beauté pour Porsche, car même s’il n’ont pas remporté le titre en terminant deuxièmes (bravo à Aston Martin pour leur sacre de champion du monde !), les deux Porsche engagées font carton plein en finissant première et deuxième à Bahrain. Ouf, l’honneur est sauf !

La marque victorieuse de l'étape devant la championne du monde Les deux 911 victorieuses à Sebring

Pas simple de conduire vite quand on a le soleil dans la figure Un bien beau couché de soleil

Le GT World Challenge Europe

Ce championnat est divisé en deux parties indépendantes: la partie “Sprint Cup” où les courses ne durent qu’une heure et la partie “Endurance Cup” où la durée des épreuves est d’au moins 4 heures. L’épisode le plus emblématique de ce championnat est bien entendu les 24H de Spa.

Contrairement au WEC, les forces en présence sont bien plus nombreuses avec pas moins de 11 constructeurs (!) et il n’y a qu’un seul type de véhicule: des GT3. Ici au moins, on se bat âprement pour la victoire.

Deux particularités à noter concernant Porsche:

  1. Porsche est représenté par des “teams privés”: il s’agit d’équipes qui roulent en Porsche et bénéficient de l’expertise de l’usine et de certains pilotes “officiels” mais Porsche n’y est pas personnellement engagé. Contrairement donc aux deux autres championnats où Porsche dispose de deux équipes officielles.
  2. Aucune Porsche ne participe à la Sprint Cup.

Pas de titre de champion non plus pour Porsche en Endurance Cup (c’est SMP Racing roulant en Ferrari qui rafle la mise), mais deux équipes roulant en 911 GT3 R, GPX Racing et Dinamic Motorsport, occupent les places d’honneur en étant respectivement deuxième et troisième.

Le dernier rendez-vous du championnat, les 1000 km du Paul Ricard (le circuit, pas la boisson), fut remporté par l’équipe AF Corse (Ferrari), alors que GPX Racing décroche la seconde place.

Le WeatherTech

Je connais un peu moins ce championnat que les deux précédents, mais il s’agit grosso modo d’une version nord américaine du WEC.

Comme pour ce dernier, on y retrouve 4 catégories de véhicules: les prototypes équivalents aux LMP1 mais non hybrides appelés ici DPi (Daytona Prototype International), les LMP2 (les mêmes qu’au WEC) et les GT divisés en deux groupes: les GTLM (GT Le Mans) comprenant BMW, Corvette, Ferrari, Ford et Porsche et enfin les GTD (GT Daytona) comprenant plus de constructeurs comme Acura (le nom de Honda aux US), Audi, BMW, Ferrari, Lamborghini, Lexus, McLaren, Mercedes-AMG et Porsche.

Idem quant aux catégories de pilotes: ceux des catégories LMP1 / DPi et GTE Pro / GTLM sont tous professionnels, alors que dans les deux autres catégories (LMP2 et GTE am / GTD), un mix entre pilotes pro et “amateurs” (comprenez “dont ce n’est pas le métier”) se partagent le volant.

Dans ce championnat aussi, Porsche dispose d’une équipe usine officielle.

Un final en beauté

Coïncidence extraordinaire, le résultat de la dernière épreuve du championnat IMSA, les 12H de Sebring, est identique à celui du WEC: les deux Porsche usine finissent première et deuxième.

Au niveau du championnat c’est moins folichon, Porsche terminant avant-dernier et avant-avant-dernier (on dit antépénultième). Félicitations à Corvette, le nouveau champion 2020 en GTLM.

Pour une fois, Porsche ne décroche aucun titre en GT, du moins dans ces trois championnats.

La 911 aux couleurs locales en rouge Et l'autre en bleu

De l'action dans les stands... ... et en piste avec Corvette (en gris) et BMW (en noir)

Le soleil se couche sur la piste de Floride La nuit et son ambiance particulière

Bye bye USA

Si vous l’aviez loupé plus tôt dans l’année, voici le rappel d’une annonce qui a eu son petit effet dans le microcosme de la compétition GT: à partir de la saison 2021, Porsche retire ses deux équipes officielles du championnat IMSA. Conséquence directe de la crise économique due au méchant virus qui mène la vie dure à tout le monde.

Espérons simplement pour l’IMSA que Porsche sera le seul à quitter le navire sous peine de suivre le même chemin peu glorieux du WEC

Et pour 2021 ?

Les calendriers officiels ont été dévoilés pour chacun des championnats (WEC, GT World Challenge, IMSA) et les dates correspondent à ce qui se fait pendant une année “normale”1. On espère évidemment qu’il en sera ainsi, mais bien malin celui qui pourra dire si nous retrouverons la normalité en 2021.

En attendant, je pense que l’intérêt pour le WEC sera relancé, du moins au début, non pas avec son calendrier ridicule (6 courses seulement, on sent bien qu’il n’était plus trop motivé le Gérard), mais plutôt avec la nouvelle catégorie “Hypercar”2. Reste juste à espérer que la victoire sera plus disputée que maintenant.

Le WeatherTech semble poursuivre son chemin, mais ce sera sans Porsche en GTLM. Dommage, j’aimais bien les 24H de Daytona et les 12H de Sebring mais sans Porsche, ce ne sera plus tout à fait pareil.

And the winner is…

Si vous ne deviez en suivre qu’un, choisissez le GT World Challenge. Je crois sincèrement que ce sera le championnat le plus intéressant l’année prochaine.

Même s’il n’y a pas d’équipe usine, les protagonistes sont nombreux, les pilotes hargneux, les circuits variés et surtout la victoire n’est jamais acquise et le spectacle est permanent.

Rendez-vous donc à la mi-avril pour la première course du GT World Challenge à Monza.


  1. Tiens tiens… En examinant les calendrier du WEC et de l’IMSA, je m’aperçois qu’ils proposent Sebring le même week-end… Erreur de calendrier ? Ou alors il y aura quand même des Porsche usine (celle du WEC) à Sebring en 2021 ? À suivre… 

  2. Pour l’instant, les protagonistes confirmés sont: Alpine (A480), Aston Martin (Valkyrie), ByKolles (?), Glickenhaus (007), Peugeot (?), Toyota (GR Super Sport).